samedi, novembre 26, 2005

crémaillière 4








crémaillière 3










crémaillière 2










vendredi, novembre 25, 2005

crémaillière 1










sachet de bonbons

jeudi, novembre 24, 2005

dissert... travail intensif de dernière minute... effets secondaires...




COMMENTAIRE ET EXPLICATIONS SUR MA PARTIQUE ARTISTIQUE:

Mon parcours n’a pas commencé avec les arts plastiques à strasbourg. Tout le cheminement qui m’a finalement amené ici aujourd’hui, est d’importance primordiale quant au choix de ma thématique voire de ma problématique. Je vais tenter d’exposer brièvement les étapes et les fondements de ma personne (culture, environnement, éducation) qui m’ont permis d’élaborer mon champ de travail et de recherche.


Un aspect qui rentre très fortement en compte dans mes travaux est mon origine biculturelle et bilingue. J’ai dès le plus jeune âge grandi et me suis construite à travers cette double nationalité ; je n’ai pas de langue maternelle, ou peut être en ai-je deux ? Ma culture, mon monde, n’est ni français, ni allemand, mais probablement un monde double, mixte, multiple, entre deux, hybride… Ce mélange, dont la symbiose fonctionne relativement bien intérieurement, ne me permet pas de m’identifier ou de faire un choix pour l’une ou l’autre des cultures. Personne ne me demande en tant que tel de faire un choix, or nous ne vivons pas dans un no man’s land, ceci est un fait ; au niveau purement culturel l’Europe et en particulier l’alsace me propose une solution tout à fait acceptable pour vivre dans un environnement franco-allemand qui me permet de trouver mes repères. Mais si nous nous positionnons au niveau du langage et par conséquent de la langue, cette idée de no man’s land n’est plus défendable : nous nous exprimons dans l’une des deux langues, nous devons faire un choix. Le choix d’une langue implique forcément l’exclusion de l’autre, c’est-à-dire pour moi de renoncer à la seconde moitié de ma possibilité de m’exprimer à l’oral ou à l’écrit. Au final, je me suis rendue compte que la langue était une barrière pour moi puisqu’elle ne me permet pas me m’exprimer dans une totalité, un tout, en adéquation avec ma pensée ; le langage est médium imparfait, m’obligeant continuellement à faire des concessions, des traductions, des choix. Certes, mon lexique est plus riche que celui d’une personne monolingue mais il me sensibilise d’autant plus aux finesses, aux sens et à l’utilisation des mots ; un langage parfait serait une langue bilingue, jonglant entre l’un et l’autre, adaptant le mot à la pensée ou la chose sans concession. Malheureusement cette manière de s’exprimer n’est compréhensible et accessible qu’à un nombre très réduit de personnes, il n’est pour moi pas valable comme moyen de communication dans l’absolu. Très tôt, j’ai du faire un choix quant à la question ou à la problématique de la communication avec mon environnement ; citons par exemple ma sœur qui décida de faire des études d’espagnol, ce qui est une manière d’évacuer ce problème en choisissant une troisième langue distincte de ses racines bilingues ; ou encore une très bonne amie qui est traductrice et interprète franco-allemande ; beaucoup d’entre nous (franco-allemands) se lancent dans des carrières scientifiques (informaticiens, ingénieurs, chercheurs…) peut être pour éviter ce dilemme et se consacrer à une troisième entité qui sont les chiffres : chiffres, données pures, absolues, qui ne nécessitent pas de traduction interculturelle. Mon issue, mon échappatoire est l’image. L’image peut être un moyen de communication quasi universel, il permet de montrer et de rendre visible la perception subjective de notre environnement ainsi que d’exprimer ou de faire passer un message. Afin de rester le proche possible de la réalité, j’utilise la photographie et la vidéo, qui ne sont finalement qu’une empreinte d’un réel perçu et vécu. Ces médiums me permettent de limiter un maximum la traduction, transcription, le passage d’un registre à un autre, et donc de minimiser la perte d’information. Comme dans une expérience scientifique je tente d’écarter tout élément susceptible de parasiter ou de biaiser la démonstration.


Un autre paramètre de mon enfance et de ma personnalité m’a poussé inconsciemment et, maintenant consciemment vers le choix de ma thématique de la perception du réel quotidien. Je commence en citant la conclusion générale de Freud dans le dernier chapitre de Psychopathologie de la vie quotidienne :
« […] certaines insuffisances de notre fonctionnement psychique […] et certains actes en apparence non-intentionnels se révèlent, lorsqu’on les livre à l’examen psychanalytique, comme parfaitement motivés et déterminés par des raisons qui échappent à la conscience. »
[1]
Freud parle en particulier des actes manqués, des lapsus, de l’oubli de mot, de noms et noms propres, de l’oubli d’impression et de projets, des erreurs, des actes symptomatiques et accidentels, des souvenirs d’enfance ou « souvenirs-écrans ». Ma pratique artistique relève d’une certaine façon de ce qu’il appelle un acte symptomatique : « Ils expriment [les actes symptomatiques] quelque chose que l’auteur de l’acte lui-même ne soupçonne pas et qu’il a généralement l’intention de garder pour lui, au lieu d’en faire part aux autres. »[2] Le fil rouge traversant toutes mes productions est mon rapport à la réalité extérieure et de manière plus générale notre perception de notre espace vital ; l’espace choisi sera souvent l’environnement urbain et donc public, par définition accessible à tout le monde. La récurrence de cette trame est liée à une composante importante de ma personne : enfant, je présentais certains symptômes de l’autisme.
« (du grec autos, « de soi-même »).
Disposition pathologique au repliement sur soi, entraînant un détachement de la réalité et une intensification de la vie imaginative. »
[3]
Cette particularité m’a poussée à avoir un rapport très particulier à la réalité extérieure, puisqu’en quelque sorte ma réalité/ma vérité est la pensée, l’imaginaire, l’intérieur et non l’environnement. La réalité est quasi fictive, je la questionne sans cesse, j’essaye de définir sa valeur de Vérité absolue. Tel que l’affirmait Descartes « je pense donc je suis » est la seule vérité ou réalité dont nous pouvons être sûr ; j’existe, mais dans quelle mesure ma perception visuelle est-elle réelle ? Voilà la grande interrogation à laquelle j’essaye de répondre. Mon parcours m’a poussé après un bac scientifique à aller vers des études de psychologie ; encore une fois, l’obsession de comprendre le fonctionnement psychique et les mécanismes psychiques de l’être humain. Des matières telles que la psychologie cognitive (analyse de perception sensorielle et du traitement de l’information par le cerveau), la psychologie clinique (analyse des maladies mentales) et la psychanalyse (la subjectivité, l’inconscient…) m’ont permis de comprendre et d’expliquer de manière rationnelle notre/mon rapport au monde extérieur. Or mettre des termes scientifiques, des noms de théories sur ces processus n’est qu’une étape et non une finalité en soi pour moi ; il fallait à un moment donné, passer de l’universel (le théorique) au particulier (notre/ma perception au quotidien). La psychologie est une application d’un savoir au service de l’autre, néanmoins ma requête était, et est plutôt un travail d’introspection (banni par les psychologues) dans le sens où mon objet de travail est avant tout ma perception, et non celle de l’autre. Pour en revenir à ma tendance à l’autisme, il était indispensable de créer quelque chose de matériel, de palpable dans cette recherche, afin de ne pas m’enfermer dans un monde abstrait impénétrable et sans issue, et de m’ancrer, de m’orienter à la matière. La photographie est une trace matérielle de ma perception à un instant ; elle est une preuve de l’existence d’un phénomène perceptif subjectif passé. Elle me permet de me resituer face à ce qui m’entoure, et elle est la matérialisation d’une perception mentale individuelle et subjective. Ma démarche serait au sens littéral de l’ « extrospection », regarder sa perception de l´extérieur pour comprendre l’extérieur.


Passons à la description brève de mes travaux les plus important, puis à celle des deux travaux en cours.

Un premier travail réalisé en 2002 lors de ma formation en photographie intitulé « Piscine ». Après l’abandon de mes études de psychologie en licence, je retournai à Saarbrücken, ma ville natale ; j’y ai passé les dix-huit premières années de ma vie pour finalement y revenir trois ans plus tard dans le cadre de l’apprentissage de la photo. D’une certaine manière il s’agissait d’un retour aux sources. Le sujet de ce travail est la piscine municipale de Saarbrücken, bâtiment à l’abandon depuis l’été 2001 suite au manque de moyens pour les travaux de rénovation pour la remise aux normes sanitaires et de sécurité. J’ai appris à nager à l’âge de cinq ans dans ses bassins et les souvenirs de ces instants passés sont aujourd’hui encore très présents. Souvenirs réels, souvenirs écrans ou faux souvenirs ? La question se posait ; je n’y trouvais pas de réponse. Ce premier travail, indépendant de ma formation, était une enquête visuelle, la recherche d’une preuve de la perception d’un évènement passé ; il s’apparente fortement à un travail documentaire. Vues d’ensembles de l’intérieur du bâtiment, images de détails (bouton de douche, pommeau, vue latérale en contre plongée d’une partie de plongeoir), vues quasi abstraites de l’intérieur des bassins… documents, archives, mais surtout enquête visuelle sur des souvenirs visuels. La série est composée de quatorze photographies couleurs cibachromes tirées en format 20x30cm á partir de diapositives 4,5x6cm. Le matériel utilisé était un appareil moyen format Mamyia 645 sur trépier avec des temps d’exposition variant entre 30secs et 6min. Ce travail se rapproche de l’esthétique et de la démarche des artistes de l’École de Düsseldorf.

« Trajet » 2005, une vidéo couleur de 11min21sec réalisée dans le cadre de l’atelier séminaire au second semestre de l’année de licence sur le thème « in and out ». Je filme mon trajet quotidien en voiture de mon appartement du quartier de la gare jusqu’à la fac ainsi que le retour. La caméra est fixée au niveau de l’appui-tête du siège passager ce qui donne une vision à travers le pare-brise (vers le milieu de la route) avec un bout du rétroviseur central visible en haut à gauche de l’image. Le montage vidéo final montre l’allée et le retour simultanément : l’allée dans la moitié supérieure et le retour dans la moitié inférieure du cadre (images panoramiques). L’allée est en temps réel alors que le retour est en temps inversé : c’est-à-dire que les deux vidéos commencent devant mon appartement et se terminent sur le parking du palais universitaire, l’une avance et l’autre recule. J’ai ajusté la vitesse des vidéos pour que leur durée soit égale. Les rythmes de l’un et l’autre trajet ne sont pas parallèles (feux, croisements, circulation), ce qui implique que les espaces visuels se croisent puis s’écartent à plusieurs reprises : la vision peut être de 360° lorsque allée et retour sont au même endroit au même moment, or la vision est décalée au niveau temporel quand le lieu n’est pas identique. Ce projet aborde plusieurs thématiques : l’espace visuel, le trajet, la notion de perception dans le temps, le quotidien, le rapport de l’espace temps et de l’image. On retrouve ici l’idée de vouloir documenter, étudier un espace visuel quotidien or un paramètre important s’y rajoute : la dimension temporelle comme une quatrième dimension. C’est cartographier visuellement un trajet dans le temps.

Les travaux en cours actuellement, commencés fin août de cette année fonctionnent parallèlement : l’un et l’autre s’accompagnent et se complètent.
Il s’agit tout d’abord d’autoportraits quotidiens faits avec des appareils couleur 24x36mm jetables. Les photos sont faites à bout de bras de manière directe (quasiment jamais dans un miroir par exemple) avec flash, format paysage ; la plupart représentent mon visage avec une partie du torse, mais des détails du corps tels que les pieds, les jambes, les chaussures, les mains sont également présents. Je ne suis pas forcément seule sur les images, tout dépend du moment de la prise de vue. Le fond, le décor reste souvent énigmatique, non déchiffrable. L’importance dans cette démarche est la quotidienneté, la régularité, fixer à intervalles réguliers mon apparence ; mon apparence est l’élément matériel, visuel, qui échappe à ma perception. C’est la seule chose omniprésente qui me reste invisible, imperceptible. Le miroir est certes là, or notre image y est tout d’abord inversée (ne correspond pas à notre réelle image) et nous y projetons une certaine image que nous nous faisons de nous-même qui ne correspond pas à celle dans notre environnement ou en interaction avec l’autrui. L’idée aussi que nous voyons notre reflet de face et seulement sous cet angle (mis à part un rare jeu de miroir). L’autoportrait sous cette forme permet de me voir au quotidien et de me regarder et m’appréhender comme personne extérieure et ainsi de me replacer dans une réalité extérieure. Voir ce que l’autre est susceptible de voir en moi, me voir tous les jours, dans toutes les situations, par moment d’euphorie, de joie, de peine, de tristesse, de colère, de déprime… Surtout de ne pas oublier, de marquer dans le temps un état, psychologique mais aussi physique, essayer un maximum d’avoir une trace d’une présence physique quotidienne. Pourquoi utiliser un jetable ? Tout d’abord je ne vois pas la photo immédiatement mais avec un décalage temporel, une certaine distance qui me permet un regard plus neutre et plus objectif. L’autre caractéristique cette fois-ci propre au jetable, est de n’avoir aucune possibilité de réglage mise à part le flash : constance dans la série (dans un langage scientifique, nous pouvons affirmer que les variables liées à l’appareil de la prise de vue sont stables), mon impossibilité d’intervenir sur les modalités de la prise de vue, et le jetable comme image de notre temps, objet de consommation à usage unique. Le résultat de ce travail est l’apparition d’une trame constante, tel un calendrier, ou une carte, de ma réalité physique.
Le second projet en cours est un blog photographique sur internet. Ici, les photos sont numériques, en couleur, format paysage. L’appareil est un reflex numérique, c’est-à-dire qu’il me permet de faire tous les réglages manuellement : diaphragme, vitesse, ASA, flash, zoom, contraste des couleurs, balance des blancs… en deux mots, je peux entièrement décider du rendu de l’image. Je peux mettre en images, rendre visible ma perception subjective de mon environnement. Un élément crucial quant à ce médium est la possibilité de visionner immédiatement la photo prise et de la comparer avec le sujet photographié : cela me permet d’ajuster in situ le rendu à ma vision de l’extérieur. Par conséquent, je ne retravaille jamais le cadrage par la suite. Seul paramètre sur lequel j’interviens est la saturation des couleurs, chose que je ne peux pas régler précisément à partir de l’appareil. Je travaille exclusivement en grand angle (28mm) afin de rentrer dans le vif du sujet, m’approcher, scruter, entrer en relation directe, en interaction : plus de distance, mon œil est l’appareil, l’appareil est mon œil. Les sujets passent de mes amis proches en situations quotidiennes communes (soirées, dîners, rencontres), en passant par des détails (habits, accessoires, chaussures, bibelots), l’alimentaire (plats préparés, gâteaux, bonbons, boissons), l’environnement proche (cages d’escaliers, WC, lavabos, carrelages, portes) mais aussi l’environnement urbain. Cet espace urbain, public, espace de transit sera lui montré de loin, avec plus de distance et des couleurs plus neutres (moins saturées) : il est par définition accessible à tout le monde, tout le temps, moins lié à mon expérience personnelle ; il fait parti de mon quotidien mais de façon non exclusive. Mon but est de « cartographier » photographiquement mon espace vital visuel dans le temps, d’où l’idée d’un blog qui prend forme et sens dans le temps ; cet espace se défini et se précise dans le temps et dans l’accumulation des images. L’image fonctionne dans la série, dans l’accumulation, dans la construction progressive dans le temps. L’accumulation, la boulimie de la prise de vue est encore un clin d’œil à la société contemporaine de consommation ; mettre ce blog sur internet, potentiellement accessible à tout le monde, n’importe quand, n’importe où, marque ma volonté d’ancrer ce projet dans notre époque (communication, multimédia, virtualité) et également de le présenter en tant que démarche, d’exemple, de processus. Il ne s’agit nullement d’un travail sur l’intimité ou le voyeurisme mais d’un regard porté sur un regard subjectif de la réalité extérieure. Par extension, théoriquement le lieu est sans importance, et je ne suis qu’un cobaye à ma propre expérience. Comment matérialiser la perception visuelle subjective de l’individu ? Voilà la question. L’interprétation, le jugement, la prise de position n’entre pas en compte ici, je questionne uniquement la perception (avant le traitement de l’information). C’est une manière de voir, la façon de se positionner dans son environnement, de l’appréhender, de le comprendre qui est au centre de ma thématique.
Comment ces deux projets sont-ils liés ? L’un (blog) est ma vision des choses, il remplace mes yeux et me permet d’extérioriser ma perception, alors que l’autre est ma trame, mon référent, un rappel quotidien que finalement moi, Alix, ne suis qu’un élément de ce monde extérieur que l’on perçoit, un élément parmi d’autre ; Alix est vue, regardée, aperçue, scrutée par une quantité d’autres individus, elle est une partie de leur environnement visuel. J’essaye peut-être de faire partie de mon environnement visuel ?


[1] FREUD, Sigmund, Psychopathologie de la vie quotidienne, Petite bibliothèque payot, Éditions Payot, 1988, p.257
[2] Ibid., p.205
[3] SILLAMY, Norbert, Dictionnaire encyclopédique de psychologie, Bordas, 1980, p.127

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dimanche, novembre 20, 2005

avant goût... travestis...

fish




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